2/a- « sag mir babbe, wi bin isch gebohre ? »
Tous les enfants veulent savoir d’où ils viennent, mais en Alsace, les
enfants ne naissent pas dans les choux ni les filles dans les roses. Les
enfants alsaciens proviennent tous, selon les légendes et les régions, d’un
point d’eau, d’une roche ou d’un arbre.
La plus répandue de ces légendes était celle du Kinderbrunnen, ou
« puits à enfants ». Les âmes des enfants séjournent dans ces puits,
également reconnus pour leur vertu fécondante, en attendant d’être incarnés
dans un corps de bébé.
Le plus ancien puits à enfants connu en Alsace, date de 1325 et est
situé à Meistratzheim.
La Cathédrale de Strasbourg est connue aussi pour posséder un tel puits,
appelé Taufbrunnen ( puits à baptiser ). Il existerait un lac souterrain
dans lequel circule un gnome à longue barbe blanche, assis dans une barque. Les
femmes désireuses d’avoir un enfant faisaient une commande au puits. Le gnome
choisissait alors, à l’aide de son épuisette en or, un des bébés qui peuplaient
les profondeurs du lac, puis le transportait au puits.
La cigogne
prenait alors la relève : elle attrapait le bébé au bord du puits et le
transportait jusqu’à son nouveau foyer. D’après les recherches de Philippe
ARNOLD, la cigogne ne faisait qu’assister, passive, à la remise de l’enfant par
le gnome aux heureux parents.
Avant 1870, la cigogne n’était connue en Alsace que
comme messagère du printemps. Ce n’est qu’après qu’on lui prêta ses qualités de
coursière. Le rôle exact qu’elle jouait variait légèrement selon les régions.
La vallée de Munster préférait d’ailleurs la remplacer par un chat.
Dans les régions montagneuses, principalement
dans les anciennes régions celtiques du sud de l’Alsace, les sages-femmes
cherchaient les enfants dans des roches situées en pleine forêt ; par
exemple le Puppelstein de la région d’Oberbrück.