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la naissance en Alsace: coutumes et traditions
la naissance en Alsace: coutumes et traditions
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4 août 2005

3/g- Mortalité de la mère et de l'enfant

 LES FEMMES QUI MEURENT EN COUCHES

Les risques de mortalité de la mère étaient très redoutés par la famille. On craignait notamment les hémorragies utérines et les fièvres puerpérales. C’est pourquoi on avait pour coutume de ne pas laisser dormir la femme dans les heures qui suivaient l’accouchement. Les femmes du voisinage se réunissaient près de l’accouchée et caquetaient, le Ratsch Stub, afin de la maintenir éveillée. Les sages-femmes étaient également obligées de rester veiller l’accouchée pendant les vingt-quatre heures suivant la naissance.

La mortalité maternelle touchait toutes les classes sociales, et étaient plus élevée si l’âge de la femme était avancé. La grossesse était considérée comme la période où le risque vital était le plus élevé pour les femmes.

Cette mortalité maternelle s’accompagnait de nombreuses histoires, ayant pour but de répondre aux questions des enfants et de rassurer les adultes. La majorité de ces légendes raconte que la mère revient la nuit donner du lait à son enfant ; c’est pourquoi les Alsaciens avaient pour habitude de les enterrer munies de bons souliers de marche, afin qu’elles puissent faire le trajet chaque nuit entre le Ciel et la maison familiale.

Il arrivait fréquemment que l’on dise que les femmes mortes en couches avaient un droit d’accès direct au Ciel.

Malgré tout, même si la disparition de la mère entraîne de grands risques pour la survie de l’enfant, cette mort, comme celle des enfants en bas âges, est perçue par les Alsaciens comme un événement naturel.

 BAPTÊME DES ENFANTS MORTS EN COUCHE, ET BAPTÊME D’URGENCE

D’après la bible, seuls les êtres baptisés ont accès au Ciel.

Un enfant, qui naît après un accouchement dystocique, ou avec une maladie grave, fait l’objet de toutes les attentions. En effet, la médecine n’étant pas aussi performante qu’actuellement, les risques de mortalité pour de tels enfants étaient extrêmement importants. C’est pourquoi on s’empressait de les baptiser, afin que, s’ils mouraient rapidement, ils aient tout de même accès au Ciel.

Ces baptêmes d’urgence étaient de préférence effectués par un ecclésiastique. Mais l’urgent étant, la sage-femme avait plus souvent cette tâche ; c’est pourquoi l’Eglise s’investissait tant dans leur enseignement religieux.

 Malgré l’urgence de ce type de baptême, l’Eglise voulait associer l’ensemble de la communauté, comme lors d’un baptême normal. C’est pour cette raison qu’elle recommandait de sonner tout de même un coup de cloche lors du baptême, afin de faire partager l’événement ( Règlement ecclésiastique du Comté de Hanau, 1659 ).

Malheureusement, si l’enfant mourait avant d’avoir le sacrement du baptême, la question de la destinée de son âme se posait en dilemme à ses parents. Les croyances populaires laissaient penser que ces enfants étaient exclus du Salut, et qu’ils vivaient alors dans une sorte de pré-enfer, à l’état d’esprits sauvages. Ce lieu spécial portait des noms différents, selon les régions d’Alsace : Geisshimmel ( ciel pour chèvre ) dans la région de Mutterholz, ou encore Gänzehimmel ( ciel pour oies ) à Offwiller.

Il était fréquent aussi d’entendre que les enfants non baptisés se transformaient en Kobold, esprit taquin et méchant envers les humains. Dans les régions de Weiterswiller et de Sainte-Marie-aux-Mines, on pensait que ces enfants devenaient des feux follets.

Heureusement, toutes les croyances alsaciennes à ce sujet ne sont pas toutes si effrayantes pour l’enfant. Une croyance veut, par exemple, que leurs âmes deviennent des anges qui vivraient dans un Ciel pour enfant, le  Kinderhimmel.

Les parents, entourés de telles croyances et craignant pour l’âme de leur enfant, tentaient le tout pour le tout pour baptiser malgré tout leur enfant. Certains parents allaient même jusqu’à enterrer leur enfant sous le chéneau de la gouttière de l’église paroissiale, afin que l’enfant reçoive de l’eau de pluie tombée lors d’un baptême.

D’autres parents faisaient appel au prêtre afin de le baptiser quand même. Mais, le baptême ne se faisant qu’aux vivants, les parents et le prêtre devaient invoquer des saints réputés pour pouvoir rendre la vie un bref moment. Les plus appelés étaient saint Etienne, sainte Kunégonde, sainte Rosalie, mais surtout sainte Marie. Certains lieux étaient même devenus des lieux de pèlerinage pour ce type de demande. La commune de Kienzheim, par exemple, était devenue au XVIIème siècle un lieu de pèlerinage consacré à sainte Marie (d’après les notes de l’abbé Bernardin).

Au XIXème siècle, une réforme de l’Eglise insista sur le fait que le Salut éternel ne reposait plus sur l’absolue nécessité d’être baptisé. La coutume de baptiser les enfants morts s’arrêta peu à peu.

Toutes les joies dues à une naissance n’étaient réservées qu’aux couples alsaciens. Les filles-mères étaient montrées du doigt comme l’exemple à ne pas suivre, et nombres d’entre elles vivaient leur grossesse plus comme un calvaire qu’une bénédiction.

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